Je suis bénévole, mais est-ce bien utile ? Est ce qu’aider une semaine ou deux apporte vraiment quelque chose de positif aux enfants et à l’association ?
S’occuper d’un bénévole prend du temps
A Tana, nous sommes tombés sur une magnifique association : Graines de Bitume.
J’ai commencé à me poser cette question à notre arrivée. Marie-Cecile, la coordinatrice de Graines de Bitume, qui ne gère pas moins de 27 employés, nous avait en effet déjà consacré une matinée pour tout nous expliquer et nous montrer. Une demi journée déjà où quelqu’un prend de son temps pour vous.
J’étais un peu gêné.
Puis la première après midi, je l’ai passée pour observer comment Fetra, l’éducateur animait son atelier. Je n’allais pas arriver genre « Je sais. Je vais vous montrer, moi, le français, je sais ce qu’il faut faire. » Il fallait que je vois comment ça se passe…
Le temps pendant lequel on aide est donc très court. Et pourtant cela réclame de l’association qu’elle vous accueille, vous consacre du temps, adapte son planning.
Prendre la place des salariés…
Il y a aussi autre chose. Est ce agréable pour un salarié malgache, éducateur à plein temps de laisser sa place au wazaa (le blanc) en vacances ? Fetra qui était sérieux derrière ses lunettes, et me vouvoyait n’était pas du tout désagréable. Pas du tout. Mais lorsqu’il m’a dit « vous pouvez prendre la main. C’est à vous d’animer, vous pouvez y aller », il induisait clairement que sa place m’était donnée. J’ai passé la semaine à inciter une co-animation. Et je peux comprendre que ca ne doit pas être très agréable qu’une personne venue de nulle part se pose là comme ca pendant une semaine, et reparte ensuite.
S’occuper des enfants et les quitter très vite
Enfin, et nous en avons parlé avec Marie-Cecile, il y a la relation qu’on construit avec les enfants. Un rapport affectueux se crée et se rompt aussitôt. Au Vietnam, comme j’avais pu l’expliquer dans un autre article, nous avons donné de la tendresse pendant 8 jours à des enfants orphelins. Arriver, donner de l’amour, et se barrer une semaine après, est-ce vraiment une bonne manière d’aider ces enfants ? Ici, j’ai été proche de certains enfants, demandeurs d’attention. Le jour où nous sommes partis, j’ai bien vu que Kevin etait un peu triste. Volatiana, elle, qui avait 12 ans, a boudé quand elle a appris la nouvelle et m’a pris par la taille sur le chemin , jusqu’à la rue, pour nous dire au revoir.
Voilà.Il y a des raisons de penser que ca n’apporte pas que du positif.
Le positif, oui, il y en a !
Et il y a des raisons de penser l’inverse.
Déjà, à ne pas prendre des risques, on ne fait rien. Si je me fie seulement aux éléments évoqués plus haut, je n’irais donc plus m’investir et faire du bénévolat ?
Mmmm….En fait, j’en ai tenu compte et du coup, j’ai tenté d’adapter ma démarche pour éviter les impacts un peu négatifs.
On a avec Eve essayé d’être le plus indépendant et efficace possible pour ne pas finalement créer plus de boulot aux éducateurs.
J’ai fait attention à toujours lancer des idées de co-animation avec Fetra pour qu’on soit ensemble. Je menais les jeux, il menait la pratique de la musique. Pendant les jeux, il traduisait, donnait ses impressions. Pendant la musique, je faisais des petits commentaires, puis donnait des rythmes. Et ensuite nous avons inversé.
Et pour ce qui concerne les enfants, j’ai conforté Fetra dans sa place de référent. Référent, un terme utilisé par Marie-Cecile et dont nous avons discuté ensemble. Fetra est l’éducateur, le fil rouge de ces enfants. Je ne me suis pas substitué à lui.
Et puis, évidemment, il y a tout ce qui est positif, de fait.
C’est sympa de se lancer dans une chanson française mais jouée sur des rythmes africains par des enfants malgaches. C’est un pont musical. J’imagine que les enfants se rappelleront vaguement d’avoir chanté et joué un truc avec un wazaa. Ça inspire pour eux comme pour moi, un échange entre les gens, une union entre les personnes dans le monde.
Il y a aussi cette collaboration qu’on a essayé de construire avec Fetra. C’est une expérience de travailler ensemble, dans un tel contexte et avec des cultures différentes. De mon côté, j’ai beaucoup appris.
Et enfin, même si ça m’embête de venir et de repartir, pendant une semaine, j’ai donné quelque chose aux enfants, et ils m’ont donné aussi. Ca a été un bon moment. Nous avons partagé des sourires, des rires. Nous avons joué ensemble. Il y a eu de l’affection. On s’est porté une attention.
Bref, tout ça, c’est positif.
Et pour le moment, je me dis qu’il vaut mieux donner que rien donner. A nous simplement d’être conscients de ce que cela implique.
Matthieu
« Etre bénévole est-ce vraiment utile ? » J’ai envie de décaler la question : entrer dans la vie de quelqu’un, pour une heure, une semaine est-ce vraiment utile ?je crois lui donner un cours de djembé, il se souviendra de mon sourire ; je crois avoir pris le temps d’une personne, elle a pu se reposer auprès de moi ….
Je suis fait (l’autre aussi) des rencontres, des relations que l’autre à avec moi et que j’ai avec lui.
Il se peut que telle rencontre ait peu d’influence sur ma vie future ou qu’elle change radicalement ma vie. Cela dépend-il du temps ?
Que les vents vous soient favorable Bruce
Merci Bruce…:)
Salut Mathieu ! Je me permets mais je pense qu’au contraire ç très important…. C peut etre mm si ç cour des moments qu’ils n’oublieront pas et peut etre les aidera… Peut être toi aussi… Bon voyage… Hey. A plus
merci Jean pour tes encouragements. Ca fait plaisir d’avoir un avis extérieur !
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