Comment tu vois la vie ? Fiorella, portrait d’une Salvadorienne

Le portrait d’une Salvadorienne, Fiorella. Nous l’avons rencontrée dans un atelier de batik à Santa Ana au El Salvador. Sa famille nous a invités à aller au bord d’un lac, pour partager un repas de friture de poissons. Fiorella a répondu à « Comment tu vois la vie ? ».

Comment tu vois la vie - Fiorella - El Salvador - Couv

Votre prénom ? 

Fiorella

Votre âge ?

20 ans.

Où vivez-vous ?

A Santa Ana au El Salvador mais je suis née à San Miguel.

A partir de quelle distance quelque chose est loin ?

On peut le voir de deux façons. Deux personnes qui vivent sous le même toit peuvent être loin. Si tu cries sur quelqu’un c’est que ton cœur est loin de cette personne. Il y a aussi les kilomètres qui font que tu peux perdre des sentiments pour une personne. Trois kilomètres par exemple, ça peut être ton voisin mais si tu ne le vois pas, c’est déjà loin.

Avec qui vivez-vous ?

Avec ma mère, mon père, mes sœurs et actuellement un chat.

Quel est votre métier ?

Je suis étudiante. J’étudie le français et le tourisme. Je voudrais créer mon agence de voyages, et puis avoir mon propre hôtel au El Salvador.

Combien d’heures travaillez-vous par jour ?

8 heures par jour.

Que préférez-vous manger ?

Des crêpes roulées avec de la viande et des légumes. Mais je n’en ai pas mangé depuis que je suis enfant. Ma mère ne veut plus m’en faire.

Combien de temps mettez-vous pour aller travailler ?

Cela dépend du trafic. Normalement 10 minutes, mais quand il y a du monde, c’est indéfini.

Que représente pour vous la mort ?

Pour moi, c’est la fin de la vie avec le corps. Mais c’est aussi un début. C’est comme un devoir d’école. Si tu ne le fais pas pour le lendemain, tu vas devoir affronter tes responsabilités. Donc à la fin de ta vie, si tu n’as pas fait ce que tu devais faire, tu vas devoir en assumer les conséquences. De cela, dépend si tu vas au paradis ou au purgatoire. Peur de la mort ? Oui, j’ai peur parce que je crois que c’est dur de pouvoir faire ce qu’on doit faire. Je crois que chacun a une mission. Il y a ceux qui la connaissent, et ceux qui ne la connaissent pas encore. Je crois que je ne connais pas encore ma mission, mais je le connais. Je crois que si je meurs aujourd’hui, j’aurais un 0. Je crois aussi en les témoignages qui disent qu’il y a un enfer. Je pense que les personnes qui ne peuvent pas aimer Dieu vont en enfer. Mais je crois que ce n’est pas définitif. Je crois qu’on peut en sortir. Le fils d’une voisine est mort pendant un match, et tous les jours sa mère va au cimetière, et elle empêche son fils d’aller au ciel car elle le réclame à Dieu.

Qui est Dieu ?

Dieu est tout. Il est beaucoup de choses pour moi. On ne peut pas savoir vraiment qui il est. Mais je crois qu’il existe une thèse scientifique qui dit que Dieu est une énergie. Donc je crois que Dieu, c’est une énergie. C’est aussi l’amour, le sauveur, le meilleur ami.

Quelle est la personne qui vous inspire le plus ?

Il y a beaucoup de personnes. Ma mère m’inspire car j’ai un caractère tranquille et elle me force à m’affirmer. Mon père car avec toutes ses blagues, il me bouge. Mes sœurs car elles peuvent me provoquer des choses contradictoires. Il y a aussi un guide touristique qui avait un charisme inné, un bon humour et une bonne pédagogie. Je n’avais jamais vu ça. Il peut te parler des histoires les plus ennuyeuses du monde, et ça devient passionnant. Il s’appelle Ariel. Mes grands-parents aussi m’inspirent, c’est grâce à eux que je crois en l’amour de Dieu.

Quelle est la chose la plus importante dans votre vie ?

Le plus important dans ma vie et pour tout le monde, c’est Dieu. Des choses humaines, je dirais que le plus important c’est de faire chaque chose avec amour : son travail, ses études, par exemple.

A quel âge est-on vieux ?

Je crois que ça dépend du style de vie. Au El Salvador, il y a beaucoup de gens qui ont une vie difficile. A 50 ans, il y a beaucoup de vieux. Pour moi, vers 80 ans, on peut être vieux, mais très vivant.

Quel est votre meilleur souvenir en famille ?

Je savoure vraiment quand on regarde un film tous ensemble et que personne ne me demande de me lever pour aller chercher quelque chose. Notre voyage en Colombie aussi.

Comment avez-vous rencontré votre conjoint/conjointe ?

Je n’ai pas de petit ami.

Votre genre de musique préféré ?

Le rock mais pas trop fort.

Croyez-vous en la politique ?

La politique, je sais que ça existe. Mais ici, c’est complètement perdu. On doit aller voter et décider pour son pays. Mais moi je ne veux pas voter parce que je ne crois pas que cela puisse changer les choses.

Comment vivez-vous l’immigration dans votre pays ?

Il y a des gens qui vont aux USA, soi-disant pour améliorer leur niveau de vie. Mais le problème c’est qu’à cause d’eux, il y a des gens au El Salvador qui vivent sans vouloir travailler car ils ont l’aide de leur famille émigrée là-bas.
Je pense qu’ici, au El Salvador, on a de tout pour avoir le succès. Les étrangers qui viennent ici nous permettent de nous ouvrir l’esprit. Ils voient les opportunités du pays. Je pense que ce sont des gens intelligents.

Quelle est la meilleure invention selon vous ?

C’est difficile. Il y a bien quelque chose. (Elle hésite). Le kibboutz. C’est une communauté, avec la même philosophie. Ils partagent tout, même leur argent. C’est comme une aide mutuelle.

Qu’est-ce que l’amour ?

Oh lala… Il y a beaucoup de choses car on peut aimer différentes personnes de manières différentes. Pour moi, l’amour c’est une chose qui a créé le monde, donc c’est l’amour de Dieu. Donc c’est Dieu. Sinon plus communément, c’est un sentiment, une connexion entre deux personnes.

Quel est votre plus grand rêve ?

Mon rêve, c’est d’être ce que je veux être. Je veux faire des arts martiaux, apprendre la guitare et des langues étrangères. Je veux aussi créer mon agence de voyages et un hôtel qui sera un lieu unique. J’aimerais qu’avec tout le succès que j’aurai, je n’en oublie pas Dieu. J’aimerais que mes rêves soient aussi ceux de mes sœurs pour que nous puissions faire des choses ensemble.

Si vous aviez un principe de vie ?

Je crois que je vais la changer. La nouvelle serait : « Ce n’est pas la fin qui compte, mais le chemin ».

Entretien le 28 mars 2015 sur un ponton posé sur le lac Coatepeque au El Salvador

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Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

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