Trek Ool – Muang Sing – Laos

Nous avons fait un très beau trek à Muang Sing…


L’office public de tourisme n’était pas recommandable pour le guide du Routard. Et pourtant, dans leur officine de bois, les 5 ou 6 hommes qui nous ont reçus étaient affables et conviviaux.

Khao, nous explique les différentes possibilités de trek. Et tout heureux d’obtenir une remise, nous décidons de partir avec lui pour deux jours. Une montée de 1400 mètres, jusqu’à des sommets surplombant les montagnes chinoises. La nuit, nous la passerons dans un village Akha.

« Un trek facile, un trek pour les jeunes » pour Khao. A défaut d’être vieux, le trek sera donc a priori facile pour Sara, Axel – que nous avons rencontré deux jours auparavant -, Eve et moi.

Arrivée dans un village

Nous commençons par des sentiers seulement praticables pour des deux-roues. Rien de plus qui ne permet de rejoindre les premiers villages où s’isolent des vies différentes. Les enfants sont indépendants, jouent loin des parents. Les uns font rouler un pneu de vélo à la baguette. L’autre découpe une noix de coco à l’aide d’une feuille de boucher. Et ils font bloc. Heureux et parfois méfiants face à nous. Tous se donnent des signes d’affection entre eux. Les grands s’occupent des petits.

Une vie de tribus. Tous sont frères et sœurs ici. Ils vivent ensemble dans un recul autarcique. Ils partiront peut être un jour pour la ville. Ou pas.

L’air est plein de poussière. Et avec la lumière du matin, c’est une ambiance particulière. Les enfants nous courent après sur le chemin du départ. On est rentrés seuls et on repart un peu avec eux.

Un trek facile ? Une blague…

Ah mais tiens, voilà un peu de montagne qu’on s’échaude enfin les mollets.

C’était marrant au début. Et puis, ça nous a bien rougi les joues. Au milieu de feuilles qui coupent les doigts affleurants, des tiges qui piquent, le parcours est … nature. (Un Trek sur autoroute doit être plein de charmes).

Le chemin fait 50 centimètres de large, en pente dure ! Les feuilles tombées lors de la saison sèche parcourent le chemin. A chaque pas, on glisse. On est obligé de s’agripper, parfois de ramper, avec les sacs sur le dos.

On n’en peut plus ! Il fait chaud. Et Khao perd le chemin. On tourne, se détourne. Et là, j’arrête tout le monde. Je vois un gros serpent, vert électrique (sa tenue de soirée, certainement). Khao était passé devant, ne l’avait pas vu. Un serpent vert ? Le serpent mortel du Laos. Il vous pique, et quelles que soient les nurofen que vous prenez, rien n’y fait. Vous décédez.

A vrai dire, nous n’en étions pas très loin à ce moment-là. Surtout lorsque Khao nous expliqua que le plus dur restait à venir. « Encore 9 heures de routes, de montées et de descentes ».

Heureusement, les standards laotiens ne doivent pas être les mêmes que les européens. Nous avons pu dans l’après-midi ouvrir nos yeux devant ces magnifiques montagnes échancrées vertes et denses, progressé dans la forêt tropicale, après nous être ravis du festin cuisiné par le patron de Khao.

Une petite rivière coulait par là. Parfaite pour se rafraîchir, puis repartir.  Plein d’entrain, et comme toujours ouvert à toutes les cultures, j’emprunte le chemin de la piscine. Suant et rougi par l’effort, j’ai cru un instant être pris d’une hallucination dont je n’aurais clairement pas discuté l’origine avec un psychanalyste ; une vieille dame, échaudée par le labeur, ouvrit, en face de moi, plein champ, sa veste donnant sur ses seins nus.

Je ne dis pas que je suis né de la dernière pluie (quoiqu’ici elle a déjà un an), mais j’ai été relativement surpris, et suis parti conter fleurette aussi sec aux papillons au bord de la rivière.

L’après- midi fut ensuite abordable, relativement au matin, et nous avons pu constater que si les forêts sont belles, les déforestations sont importantes. On découpe à la machette, on brûle, on insecticide. Ca y va fort.

Et Eve tomba…

Dans ces parfois sombres idées sur la planète, la chaleur commençait à tomber jusqu’à ce que Eve en décidât autrement. Enfin, n’en décida pas.

D’un coup, je la vis mettre mains en avant, et tomber de tout son long. Puis glisser, tourne bouler en contre-bas et se retrouver tout entière dans les fourrés. A un mètre de fils barbelés.

Je crois que ça m’a fait le même effet que si j’avais vu 100 vieilles dames Akha, échaudées par le labeur…

Eve, elle, riait.

Ni une ni deux, j’ai plongé moi-même dans les fourrés pour sauver ma belle, qui n’avait de plus grand mal, qu’un petit œdème fessier et un peu d’amour-propre en moins.

Une belle entrée dans le village qui n’était qu’à 3 mètres.

Où est Frédéric Lopez ?

J’ai cherché Frédéric Lopez, et je ne l’ai pas trouvé.

Pourtant, ici, nous étions loin.

Au milieu des montagnes sur lesquelles tombe un soleil rouge, les enfants jouent aux billes au milieu des chiots, des chiens et des cochons noirs. Le temps est lent, et le silence est long.

Trois pompes dans le village rythment la vie, et les douches. Un robinet pour chacune, d’eau froide, en hauteur, au-dessus d’un parterre en ciment, au milieu des gens. On se douche gaiement, deux par deux. Le petit gars qui prend sa douche avec moi, rigole de me voir trouver l’eau froide. Des filles rient, quand je mets mes pieds propres et mouillés sur mes chaussures sales. On est tous ensemble, femmes drapées et hommes caleçonnés, et on partage dans les codes Akha de la pudeur, nos ablutions crépusculaires.

La soirée s’éteint. Dans notre hutte sur pilotis, Khao fait cuire à même le sol, du porc, de la soupe et du riz. La fumée emplit la maison.

On entend le bruit du générateur électrique qui marchera comme tous les jours, pendant deux heures. Des grands feux s’étalent plus loin sur les forêts.

Une soirée incroyable dans le village Akha

Nous sommes 5, puis 7, puis 10, puis 20, puis 30. Nous sommes une trentaine dans notre hutte. Plein d’enfants, de jeunes, et de moins jeunes. On se regarde, on parle, on rigole. Eve donne des petits cours d’anglais. On sort le Lao-Lao qu’on boit dans des timbales.

Et puis, subitement, « Akha massa ». Hein ? Ah, ok, il y a quelqu’un qui veut faire une démo de massage.

On déplace les matelas, exit les moustiquaires. Certains s’allongent, d’autres restent debout. Et la séance de massage collective commence. Quelle ambiance.

Une fille de 13 – 14 ans, me malaxe le dos, les jambes, le fessier, me fait craquer les doigts de pieds. C’est agréable mais étrange. Puis, une dame, dont la date de naissance doit se situer entre les premiers succès d’Elvis et l’arrivée au monde de Mariah Carey – ce qui a laissé quand même pas mal de temps à la musique pour évoluer – la remplace.

Les gestes sont plus durs, et je sens bien qu’on utilise là des os jusque-là laissés au repos. Ses mains sont sèches, émaciées, et rèches, très rèches. On est dans une hutte, à presque 30, dans une séance qu’on apprendra être quotidienne pour eux. La fumée du feu est partout. On est éclairé à la lumière d’une lampe frontale. C’est drôle. Très drôle.

La nuit s’endort.

Le lendemain, après un réveil des coqs et le jeu du tigre avec les enfants, on reprend notre chemin. Au milieu des montagnes, puis proche d’une rivière dans laquelle nous prenons un bain bien froid. Après le bon repas, la sieste, dans cette hutte de champs,  dans la fatigue de la marche et la brise du vent, est délicieuse !

Notre marche prend ensuite fin, doucement, dans les villages hmong, entre les bananeraies et les cultures de pastèque blanche.

Matt

Du 27 février au 2 mars 2014

Evetmatt Jaiuneouverture

Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

7 commentaires :

  1. Ça c’est un joli article… Ou plutôt une belle histoire…

    J’ai le sourire aux lèvres et j’ai l’impression d’avoir rencontrer ces enfants, avoir vécu cette fatigue, vu ces paysages magnifiques, eut droit à ces massages « collectifs »….

    Merci pour ce joli partage 😉

    Et s’il vous plait, faites donc attention à ces gros serpents verts endimanchés… Certains en France aimerait que vous restiez en vie … 🙂

    • Merci Alix
      Tu ne crois pas si bien dire puisque hier, nous en avons croisé deux.
      Dont un qui s’est fait écraser par un camion, en a eu des convulsions et des torsions, mais est reparti droit devant.
      Le premier, Eve, lui est passé à côté, sans le voir !!
      Matt

  2. La feuille de Boucher – Affaire Leprince
    Même à l’autre bout du monde Christophe Hondelatte est là !
    Vous avez l’air d’en avoir bien bavé… j’ai cru que la photo « festin » c’était le serpent, petits joueurs !

  3. Bon bon.
    On est entré dans le dur là.
    Encore une ou deux ballade de ce genre et MatTarzan sera à même de défaire le Titigre armé de son seul courage et d’un peu de roublardise. Gaffe quand même mon gars. La route est longue.
    Je pense, moi, que vous êtes dans un Eurodisney chip mais avec de très bon acteurs. C’est le terme endimanché pour le serpent qui m’a mis la puce à l’oreille. Là, on se rassure comme on peut. Corto a disparu pendant la guerre d’Espagne a dit Hugo (pas Victore mais Pratt). Plus de place pour lui. Aussi, je très suis triste pour la forêt qui s’amenuise. Soigne les fesses de JanEve et portez vous bien. Que diriez vous maintenant d’une semaine au bord de la mer. Avec tout le confort. Et sans requin. Biz.

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