Après notre départ de Chiang Mai, nous avions envie d’un peu plus de calme, de montagnes et de nature. Nous voila, donc en route pour la ville de Chiang Dao. Et nous voilà chafoins.
La montagne est bien là, mais cette ville se situe dans la vallée. Ce n’est pas ce à quoi l’on s’attendait. Et gna gna gna…
Autant vous dire qu’on a été désarçonné de notre aigreur en un clin d’oeil. Et ce, par l’intermédiaire d’une gentille dame qui nous trouvait bien perdus avec nos gros sacs à la gare routière.
En fait, elle venait chercher sa tante qui avait passé tout son trajet à côté de Matthieu, et qui avait dû le prendre en affection.
Bref, nous sommes dans sa voiture, bien peinards alors qu’elle nous accompagne dans la rue des guest houses. Première rencontre sympathique, donc.
Je vous passe l’épisode où ensuite, pendant trois heures, nous nous sommes perdus avec Matthieu, puisque je l’attendais au point X, et lui m’attendait au point Y.
Nous étions un peu tendus, et rien de tel qu’un festival babacool pour nous recentrer sur l’esprit de la rivière qui coule en nous.
Festival tellurique
Et oui, dans cette petite ville, il y a un petit festival de musique bien atypique ! Beaucoup de japonais sur scène et on a eu des exemples de rock psychédélique assez intéressants. Ajoutons à cela des démonstrations d’acrobaties tirées du yoga dans tous les coins et des jongleurs partout, et le contexte est posé.
Mais ce qui a surtout été sympathique, c’est la longue discussion avec un couple germano-thaï. C’est ainsi que nous avons croisé le premier européen marié à une Thaî, de notre séjour. Je le précise car nous avons ensuite rencontré deux Français, dans le même cas.
Il semble que Chiang Dao soit une ville particulière !
Rencontre avec Eric
C’est le lendemain qu’en cherchant des habits un peu plus chauds, nous avons rencontré Eric. Un sacré personnage. Il a connu sa femme, une Lishu – minorité venue de Chine – à Chiang Dao et vit ici depuis plus de 10 ans.
Ca a été une vraie chance pour nous de le croiser puisque ni une ni deux, nous voilà partis dans son pick-up à l’assaut de la montagne. Nous avons donc passé la journée ensemble à parcourir la route accidentée en nous arrêtant dans différents villages, souvent désertés par les Lishu au travail dans les champs. Mais avec les explications d’Eric, nous avons appris à comprendre un peu le mode de vie au sein de ces montagnes. Une vie en communauté même si chacun a sa maison, les portes sont ouvertes et chacun va et vient comme il le souhaite sans problème.
Un point qui pour nous semble désagréable, c’est l’absence de fenêtre dans les maisons. Mais en même temps, une fenêtre pour quoi faire ? Quand on passe sa journée dehors à travailler dans les champs ? La maison, c’est pour dormir.
Egalement, autre point notable : la présence d’un foyer dans chaque maison. Qui dit foyer, dit feu. Qui dit feu, dit fumée. Qui dit fumée, dit cheminée. Ah non, pas de cheminée. Seulement de la suie , de la fumée et son odeur partout. Mais ça, c’est finalement une constante en Asie.
Eric nous a ensuite présenté un autre Français, exilé plusieurs mois de l’année dans ces montagnes où il a pris femme et enfants. Nous voilà donc chez François.
Un vrai gars du Nord, autant qu’Eric un gars du Sud. Bonne ambiance autour du café. A ce moment là, Matthieu et moi n’avons pluq qu’à écouter les histoires, regarder les poissons chats et déguster les fruits de la passion.
François raconte qu’il construit un nouveau poulailler car les Lishu sont animistes et qu’à 250 Baths le poulet, il y a du business à se faire. Eric acquiesce. Il connait un gars qui a des chèvres. Ca peut intéresser. Ah, ça, oui ça intéresse. La chèvre, c’est top aussi au niveau sacrificiel !
Assassinat & Exorcisme
A ce propos, il faut raconter la dernière en date. Question poulet, François s’y connaît puisqu’il a dû en sacrifier deux ou trois et un cochon pour connaître l’issue d’un problème de cadastre. Je raconte sur un air léger puisque c’est sur un air désinvolte que cela nous a été conté. Affaire triste mais courante, le père de Nam, la femme de François a tout bonnement été assassiné il y a peu pour une question de propriété. Assassinat commandité par le maire du village, sinon ca n’est pas drôle.
Aujourd’hui, nouveau problème dans tout le village. Un sombre et riche propriétaire terrien revendique la possession d’un certain nombre de terrains acquis il y a des dizaines d’années par les villageois. Résultat : la propriété familiale de Nam est coupée en diagonale. Sectionnée de « l’arbre, là » au « pilier, là-bas ». Et oui, un travail de géomètre précis.
Alors, on comprend mieux les sacrifices ! La famille est rassurée, les entrailles se sont montrées optimistes. Et puis, en Thaïlande quand on est sur une terre depuis des lustres, c’est comme si c’était la sienne.
On raconte aussi les exorcismes ou comment il faut réussir à faire partir le chamane de sa maison tout en ménageant sa susceptibilité. Dans ces séances, c’est le démon qu’il faut inviter à manger et boire le thé, etc… Puis, le mettre à la porte avec tout un tas d’offrandes. L’esprit malin doit être content de partir sinon gare aux représailles !
Une étonnante ambiance dans ce hameau où pour sûr, les effluves de fleurs se mêlent à celles des cochons.
Un bon moment convivial où le français est sacrément exotique.
Eve