Cette fois-ici, fini de parler de Sophie Davant, je vous raconte l’atmosphère des cités mayas… Réveillez l’Indiana Jones qui sommeille en vous… Mystère et boule de ventre dans le monde maya…
Christophe Colomb n’a pas existé. L’histoire est à refaire.
Passé le décor des Mayas en short, les sites mayas sont, pour certains, envoûtants.
Nous avons commencé par Palenque. Au petit matin, dans la lumière rasante qui éblouit un peu, et forme une petite brume, nous avons découvert notre première pyramide adossée à une colline. C’est cette première sensation à l’aube, et sans grand monde, face à cette construction haute et blanche, sur un fond vert, que je retiendrais.
Et puis, nous avons rencontré Victor. Un homme d’une soixante dizaine d’années, moustaches et cheveux blancs, qui casquette vissée sur la tête, canif à la ceinture, et sacoche en bandoulière, nous a fait découvrir le site autrement. Nous avions déjà bien parcouru le site mais parti à l’assaut d’un monologue, il nous a commercialement domptés.
Nous sommes revenus au temple des rois. Il nous a fait asseoir sur les tribunes, et nous a fait remarquer un cartouche avec un glyphe maya, que nous n’avions évidemment pas vu. A travers l’ouverture d’un mur en forme de T, nous avons pu voir l’alignement de lucarnes identiques sur plusieurs murs à quelques dizaines de mètres. Bref, nous visitions jusque-là un site. Avec lui, nous avons visité sa maison.
Victor a consacré sa vie à Palenque. Le visage ridé, le corps émacié, il nous raconte photos argentiques à l’appui qu’il a tout jeune commencé à travailler au défrichement du site. Des lianes sur les temples, des pierres recouvertes sous la terre, des explorateurs européens chapeautés et fiers, dressés sur leurs conquêtes… Le temps de la découverte.
Ce mexicain, devenu guide est persuadé que les théories actuelles sur les Mayas, édifiées par des Canadiens, ou d’autres sont toutes fausses, destinées à publier des livres lucratifs pour leurs auteurs. La preuve ? « Regardez ce masque sur le fronton de ce bâtiment. Il y a une vraie influence asiatique ». C’est vrai qu’on dirait un masque thaïlandais.
«Et puis, observez la posture de ces dieux Mayas, et leur sceptre. C’est un style clairement égyptien ».
Victor pense tout bonnement que le monde Maya n’a pas été découvert par Christophe Colomb en 1492. Selon lui, les différentes influences de l’architecture Maya montrent que ce peuple s’est ouvert au monde bien avant la conquête espagnole. Les Mayas auraient voyagé, ou du moins auraient été visités par les Egyptiens, les Chinois bien avant le 15ème siècle.
Au fur et à mesure, j’étais agréablement déstabilisé. Ce petit vieux, passionné et convaincu nous soumettait des preuves et des conclusions que j’avais du mal à trouver illogiques.
Et puis, au détour d’une explication, Victor sort de sa besace un plan griffonné avec quelques couleurs. Le vrai plan selon lui des galeries souterraines de la grande pyramide de Palenque. Un plan, des galeries, et le secret d’un tombeau. Je me suis senti quelques secondes, peut-être quelques minutes emporté dans le mystère du monde Maya. Comme si tout un univers restait à découvrir. Comme si j’allais partir machette à la main, défricher ces pyramides toujours enfouies sous la terre. Comme si un pan de l’histoire mondiale allait tomber. Ce grand inconnu m’a furtivement fait oublier les réalités, et m’a embarqué dans l’enthousiasme du mystère.
C’est vrai qu’à Palenque, pas mal de temples sont encore à défricher. Quelques pierres se dévoilent parfois sous des feuilles et laissent deviner d’immenses édifices. Les sites mayas sont souvent perdus dans la jungle. Ils sont parfois uniquement accessibles par pirogue. Dans un tel environnement, ce sont naturellement des milliers de temples qu’il reste à découvrir.
Mystère et boule de ventre
Pour le site de Yaxchilan, nous avons navigué près d’une heure sur une rivière. Une rivière bordée par une jungle épaisse. Sur les rives, des caméléons et des crocodiles qui prennent le soleil. Vous l’imaginez, un décor magnifique d’aventure.
Bon, ce jour-là, nous étions avec Eve un peu malades. L’Indiana Jones qui est en nous avait un peu la tourista. J’ai donc moins pensé à me ramener une dent de crocodile qu’à compenser les mouvements du bateau pour éviter la salsa de mes intestins.
Car, oui, c’est vrai, sur les livres, dans les documentaires, on voit les belles photos… « Oh que c’est joli l’Inde, toutes ces couleurs ». « Oh que c’est beau, ca fait rêver ». « Oh mon Dieu quels magnifiques paysages ».
Mais en fait, dans le voyage, existe un ensemble d’acteurs, incontournables sur la scène internationale, et qui réunis dans un même voyage changent la face du monde et la tienne par la même occasion. J’ai nommé « La Chaleur de Dingue », « La Pollution de Ouf », « Un Monde de Malade », « Un Bruit de tous les diables », « La Tourista de ma vie », « Une Gerbe comme jamais », et oscarisé pour l’ensemble de sa carrière « Moustique de merde ».
On peut donc avoir la diarrhée au Taj Mahal – le Temple de l’Amour- , brûler tel une écrevisse beurrée aux Philippines, dégouliner comme une gouttière usée sur une magnifique montagne laotienne.
Le rêve du paysage. La réalité de la sudation et des intestins…
Nous, nous avons donc fait « Le site mystérieux de Yaxchilan avec la Gerbe Tout Le Long ». Evidemment, ca casse un peu le mythe. Mais malgré tout, lorsque nous sommes rentrés dans les galeries obscures bondées d’araignées plates et anguleuses, à côté de cette rivière essaimée de crocodiles, je me suis senti dans l’aventure, le mystère, au bout du monde. Dans ces moments, des évènements pourtant improbables me semblent pouvoir se produire : l’irruption d’un jaguar sur le site, un trébuchement sur une mallette remplie de trésors… Oui, c’est ça, le mystère crée la possibilité de l’improbable et donne de l’espace à l’imaginaire. Le monde Maya, m’aura parfois donné cette naïveté d’enfant qui permet de tout s’imaginer et de tout explorer.
Matthieu
Mars & Avril 2015
Au coeur de l’action , nous attendons avec impatience la suite de cette saga très imagée. Des bises au explorateurs.
Récit et images à couper le souffle !
merci !! 🙂