Yucatan, gloire et beauté

Depuis le début de notre voyage, j’avais très envie de parvenir dans le monde maya, un monde mystérieux de cités perdues, un univers à explorer. Mais aussi une piscine géante, des plages et des maillots… Yucatan, gloire et beauté !

Maya la belle - Couv - Chap 2

Sophie Davant égérie de mes samedis

Une attirance ancienne, née dans les prémices de l’explosion simultanée de l’URSS et du Club Dorothée. Une autre ère, quoi. Je me rappelle qu’il fallait même pour changer de chaîne, s’extirper du canapé et appuyer sur les grosses touches carrées du poste de télévision.

Cette attirance, je la dois, à un duo aussi incongru qu’hallucinogène : Sophie Davant et l’empire du Soleil Levant. Même un duo Jeanne Mas – Charles Pasqua serait plus pâle.

Sophie Davant a éclairé mes soirées d’enfant enthousiaste et curieux, espérant des aventures et des cabanes « Copain des Bois », des explorations d’archéologues et des conversations égyptiennes.

Elle a offert le change de Fort Boyard  avec ce qui constitue pour nous les fans, une institution de la télé : La Piste de Xapatan.

Au milieu des amazones, à dos de cheval ou en jeep, Sophie dans un ensemble short en jean, chemise nouée au nombril très années 80, accompagnait dans la jungle mexicaine, quatre français partis à la recherche de statues mayas perdues dans une caverne. Un docteur richissime, posté sur la marche d’une locomotive fumante et en partance, proposait une grosse somme à qui lui ramènerait le dit objet. Les rails rouillés qui serpentaient au milieu des montagnes offraient un décor d’aventure. Bronzé, affublé d’une chemise blanche en lin, de petites lunettes rondes et d’une valise en cuir, celui qui ne devait être autre que le caméraman adjoint de l’émission, était pourtant l’archétype de l’homme d’affaires mythique, voyageur et exotique. Il ne pouvait jamais attendre les candidats plus d’une heure et demie – bizarrement la durée de l’émission-, et ce, chaque samedi.

Moi, j’y croyais follement. Je frémissais devant les combats des candidats face aux amazones, qui étaient dans mon esprit de vraies autochtones, guerrières et réelles. Je rêvais d’être à leur place, dans cette grotte à la recherche des toutes ces statuettes de dieux mayas. Mon adrénaline montait quand il ne leur restait que quelques minutes pour gravir les nombreuses marches qui les séparaient du train, et du docteur. A 8 ou 9 ans, tout me paraissait vrai. Les candidats avaient été jetés dans un monde réel de guerriers et de trésors. L’émission ne faisait que filmer cette authentique aventure.

Si je me terrifiais de quitter un jour ma famille pour effectuer le service militaire au 17ème régiment parachutiste de Montauban, au moins je me voyais sans souci braver les obstacles de la piste de Xapatan. Il ne me manquait plus qu’à convaincre Jacques Chirac.

Et pour revenir au second, l’Empire du Soleil Levant, il a diverti nombre de mes mercredis après-midi. Entre une Candie rance et un Dragonball qui n’en finissait pas de chercher ses boules – au nombre de 7, pour être exact- s’intercalait un autre dessin animé probablement japonais, plus joli, plus nature: les Mystérieuses Cités d’Or. J’avoue, trouvant l’histoire un peu fade au regard des scénarios très sophistiqués de Premiers Baisers ou d’Hélène et les Garçons, je ne l’ai pas beaucoup suivi. Mais ces grandes pyramides perdues dans une épaisse forêt, les perroquets, ces enfants à la chevelure noire, une pierre précieuse au cou, vêtus de toges de toile écrues, m’ont fait rêver…

Yucatan, gloire et beauté

Il faut savoir une chose primordiale à l’approche du monde maya, qui plaira à certains, moins à d’autres.

Il s’est construit dans LE Merguez Land mondial, LE laboratoire international du bikini : les Caraïbes. Le Yucatan, la région du Mexique où se concentre la majorité des ruines de l’ancien monde, est en effet bordée par une piscine géante.

Le Yucatan célèbre donc le mariage improbable de l’archéologie et de la pataugeoire. Fonction des goûts, mais ça m’a fait bizarre.

Oui, c’est vrai, je n’ai jamais visité Versailles en bikini. Je ne me mets pas de la crème solaire pour aller voir Mona Lisa. Et je n’ai pas pris mon bodyboard pour découvrir les Chateaux de la Loire.

Ici, c’est possible.

Alors évidemment, c’est parfois un peu compliqué de se projeter dans l’imaginaire maya. Derrière chaque colonne, peut se profiler une grosse poule américaine, poitrine et fessier à l’air recouvrant un maillot fluo minuscule. A côté du temple, peuvent bronzer de jeunes beaux portant des lunettes bleu disco, faisant claquer les tongs et les chewing-gums. Torse-poils, ils réinventent les ruines mayas et risquent presque le claquage pectoral.

Il est même possible, ici, au milieu du site de Tulum de descendre jusqu’à la plage et de tremper les fesses entre deux visites de temples.

Je ré-imagine alors les autochtones construisant les pyramides, en maillot de bain à fleurs, Rayban sur le nez, et tongs aux pieds.

« Eh dis, t’as pris de la crème solaire ? »

« Oueh, mais j’ai que de la 30. Ca te va ? ».

« Oueh ! On se fait un selfie devant la pyramide ? ».

Et puis, qui dit touristes, dit vendeurs de souvenirs. Qui dit gros touristes, dit gros vendeurs de souvenirs. A Chichen Itza, à Palenque, pourtant classés à l’UNESCO, les chemins au milieu des ruines sont bondés de marchands. Etals, bâches en plastique posées par terre, jeux d’échecs version maya chinoise, statuettes en plastique, T-Shirt « I love Palenque »… Les vendeurs qui interpellent, proposent trois porteclés au lieu de 2, tout cela contribue naturellement à renforcer le mystère…des galeries commerciales de chez Carrouf.

Mais passé le décor des Mayas en short, les sites mayas sont, pour certains, envoûtants… je vous le raconte dans le prochain article ! 🙂

Matthieu

Evetmatt Jaiuneouverture

Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

3 commentaires :

  1. Et moi qui te croyais toujours devant les devoirs de classe!!!
    Félicitations tout de même, captivant récit.

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