Volontaires

C’était acquis. Après deux ans de vadrouille, notre retour en France et l’arrivée d’un enfant remiseraient un temps les voyages au long cours et même les plus brefs sur des terres moins stériles.

Elle était derrière l’Inde, Madagascar aussi ; les moussons et l’Asie du Sud-Est avec elles. Rien ne reviendrait à l’impossible, mais la malaria le justifiait bien quand même, notre obstacle à trois.

L’heure n’était plus à déconstruire en nomades nos habitudes culturelles, mais plutôt à esquisser un cadre dans lequel on bâtit une maison. Et de ce côté-là, après avoir bien utilisé pendant deux ans nos pieds pour employer nos yeux, il s’agissait désormais de recourir à nos bras, et de disposer d’un front assez large pour suer ce qu’il fallait.

Et c’est bien là qu’on parle de volontaires.

Ils nous ont permis de continuer le voyage.

On ne voit pas forcément dans une caravane, dans un canyon ou en plein désert occidental, les contorsions américaines d’un peuple avec sa tête. Araminta nous a partagé l’amour de son pays, un peu son amertume, et le plaisir parfois à ce que quatre années passent.

Elle avait plus de trente ans, aucune peur de retrouver un travail, ici ou ailleurs, elle était chef, elle avait investi dans la monnaie cryptée, de nombreux amis s’y étaient dès le départ impliqués ; elle croyait au monde flexible et aux belles pierres d’ici, la liberté de pouvoir entreprendre et le charme du vieux continent.  

Qiu, elle, vivait dans un pays jeune, fruit sur une péninsule d’une agrégation de princes et de colons, de sultans et de géopolitique ; mais heureusement, elle disait, elle était issue de la plus grande diaspora. Nous n’avions pas besoin de la questionner ; elle voulait en parler, revendiquer la place, celle d’une nation récente, hétérogène mais propulsée dans le mondial, un régime politique libre d’empêcher, alors forcément encore une identité à soutenir.

Tous ont apporté chez nous au quotidien, une personnalité et une culture, ils voulaient l’échange, et nous, avec eux on n’était plus seulement ici, on était aussi ailleurs, mais les travaux avançaient d’être plusieurs mois, aidés par leurs bras.

Nous gardons des liens avec plusieurs d’entre eux, nous discutons à distance, nos vies sont en réseau et les souvenirs ensemble, sur le même lieu.

Le volontariat ou le bénévolat, on conseille, vous pouvez découvrir ici comment devenir bénévole.

Cela nous a permis dans le voyage de ne pas survoler les paysages mais d’en apercevoir leurs coulisses, de ne pas naviguer de site en site, mais de rencontrer les gens derrière.

Au Vietnam, à Madagascar, aux Philippines…nos participations bénévoles ont tout changé de notre connaissance du pays et de notre contact aux gens. Elles nous ont posé quelque part, nous avons pris le temps ; elles nous ont mené loin des routes empruntées par notre tourisme et souvent préparées pour le recevoir. Nous avons rencontré des personnes à qui nous n’avions rien à acheter et qui ne portaient pas pour nous des costumes en perles dans le village traditionnel.

Nous avons partagé du temps avec des gens dans leur vie, des journées entières, nos têtes encore froissées autour des tables du lever, des haricots noirs, un peu de poisson, nos chantiers sans Molière mais avec des silences qui appellent des sourires, du respect et parfois la gêne à sa surface, une proximité grandissante à mesure de nos actions communes.

Quand nous avons aidé, notre utilité, dépaysée, délocalisée arrêtait un peu le temps. Déchargés de notre destinée, mais rivés sur la leur, nous vivions mieux d’être moins encombrés de nous-mêmes, détournés ici en direction des autres. Et quand nos cultures, toute l’histoire de nos vies, dans ses plus fines parcelles ne ressemblent en rien à celles de lui ou d’elle en face, alors on ressentait une effervescence à tout s’expliquer, à tout découvrir, à construire des ponts sans avoir besoin de nos bras.

Nos liens avec les gens sont nos meilleurs souvenirs ; on les entretient d’avoir désormais chez nous des volontaires sur ce qui est leur terre de voyages.

Evetmatt Jaiuneouverture

Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

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