De retour…

Il y a deux mois, nous nous faisions voler la majorité de notre matériel au Guatemala. Un peu sonnés, sans appareil photo notamment, on avait mis le blog entre parenthèses. On les referme, ça y est, on est de retour… !

Allongez vous monsieur sur le divan, et expliquez moi

D’accord.

Alors, en fait, le 8 avril, nous revenions à San Juan au Guatemala. Un petit village posé à côté du Lac Attitlan, auquel on accède par bateau, et où nous avions rencontré des personnes adorables. Nous revenions en fait une seconde fois pour passer plus de temps avec eux, et les aider à la création d’un site internet pour Juan, un peintre.

Nous étions accompagnés d’un ami, Bruce.

On reprend donc un bateau, on arrive, on se pose dans le même hôtel. Un hôtel bien rustique, bon marché. Le deuxième étage n’est pas fini. Seules les fondations sont construites, les tiges de fer pointent vers le ciel, et cet étage finalement ne sert qu’à éteindre le linge de l’hôtel.

Le proprio, chaîne en or avec Jésus en pendentif, survêt de Chelsea, nous reconnaît. Dans cet hôtel surveillé par un garde, un mec timide et gentil, réside à l’année un Canadien cosmique, et séjournent pour un temps deux petites canadiennes hippies souriantes et un couple de français.

On se pose pour un petit apéro, on discute avec les autres voyageurs, et puis nous partons tranquilles manger un poulet à la plancha, dans le cœur du village.

Une petite heure plus tard, on revient dans la chambre. Et là, plus d’appareil photo, de tablettes, de go pro, de disque dur, de liseuses. Il nous reste notre ordinateur.

Maison Escargot - JaiuneouvertureC’est une impression bizarre parce se faire voler le contenu d’un sac que l’on porte depuis des mois, ça donne l’impression de se faire cambrioler sa maison. Le syndrome de l’escargot, qui se fait péter la coquille.

Oui, c’est ça, on était des escargots écrasés quand on a vu ça.

La police fouille les chambres

Le couple de français, gentil, sort, nous dit avoir vu un mec traîner par là. Il a une barbe, ce qui n’est pas bien courant par ici. Le proprio surpris, a moitié ou au quart, se veut aidant et entame alors un truc assez étrange pour nous aider. Il est 22 heures et il appelle un gars connu dans les villages avoisinants pour organiser le vol et la revente d’objets. « Oueh, ca va amigo ? Oueh, bien. T’aurais pas un appareil photo Nikon par là ? Un truc de pro. J’en voudrais bien un. Sinon, une Go Pro, ca m’intéresse aussi ».

Son gamin, 4 ou 5 ans, déambule sur les balcons, en jouant sur son Ipad. Un Ipad alors que nous sommes dans un village, un peu perdu, qui profite un peu du tourisme, mais qui reste pauvre et où la quasi-totalité des gens n’ont pas d’Ipad, ni d’Iphone. Cristobal, le proprio en a un, lui.

On réfléchit, et il y a une urgence. Sur notre tablette, le voleur peut accéder à nos applications bancaires, à nos infos personnes. Il nous faut Internet.

On part, et sur le chemin, nous croisons des policiers. On part avec eux. Nous sommes au poste de police, Eve leur explique la situation. En espagnol, évidemment. Moi, je pars dans un cybercafé pour changer tous les codes et mots de passe.

Après une heure de plaisir, j’ai pas d’argent sur moi, le proprio du cybercafé me permet de revenir le lendemain pour lui payer. Je me dirige vers le commissariat, et je retrouve Eve un peu abattue, et Bruce crevé.

– Les policiers nous ont amené à l’hôtel pour faire une fouille dans toutes les chambres. On en a réveillé certains. C’était pas cool.

– Et alors ?

– Et alors, rien. Même mieux, moi je me suis faite traiter de pute par le Canadien. Les deux Canadiennes ont commencé à gueuler parce qu’elles pensaient qu’on les suspectait… Les français, fumaient un joint dans leur chambre. Heureusement, j’ai pu les avertir avant le passage des flics. Mais du coup, ils n’étaient pas heureux non plus. En fait, les flics tapaient aux portes, expliquaient le problème, et je devais regarder dans leurs sacs si je reconnaissais nos affaires.

On est au commissariat. Et le policier enregistre notre plainte. Il est maintenant 1 heure du matin.

En tous cas, ça fait bien rire les policiers

Entre collègues, ils se marrent à chaque fois qu’à leur demande, nous leur citons le matériel volé, et son prix. Ils trouvent ça drôle.

Hormis cette condescendance pour des Blancs qui se font voler ce qu’ils ont la chance de posséder, force est de constater que le niveau d’éducation de la police guatémaltèque est assez bas. Le policier tape touche après touche sur son clavier, met le doigt sur l’écran pour accompagner ses relectures, cherche ses mots, se relit, nous demande notre avis sur sa rédaction. Je fais depuis 2 mois de l’espagnol…

Nous en reparlerons avec des Mexicains, qui nous confirmeront que le faible niveau d’éducation de la police au Mexique et en Amérique Centrale participe de son inclinaison à la corruption. Ces jobs sont mal payés, et la propension à arrondir les fins de mois passe essentiellement par l’argent donné sous la table par un édile, un narco ou d’autres.

Il est 3 heures du matin. Le policier pose un point aux 20 lignes qu’il vient d’écrire. Nous devons revenir demain pour récupérer la déclaration.

Une déclaration sans suite si nous n’allons pas voir le juge,  qui lui transmettra au Ministère public chargé des investigations. Au faible niveau d’éducation des policiers répond leurs faibles prérogatives.

Petit, j’aurais dû regarder Zorro sous-titré

Nous sommes chez le juge. Eve est crevée, et sur mes 2 mois d’espagnol, je débarque un canif à la ceinture contre des armées terrifiantes de vocabulaire juridique, une infanterie lourde de passés simples, des contingents de subjonctifs abominables.

Bon, et bien, je m’en suis sorti. Oh, je pense qu’il a plu des fautes de conjugaison, et qu’au rayon de la grammaire, il y a eu des promotions sur le passé simple.

Mais je m’en étais sorti, j’étais tout content, et ce fut mon petit plaisir, dans cette vase de contrariétés et choses administratives.

Au final d’un côté, on avait ce proprio en jogging, suspect et nonchalant sur lequel il fallait mettre la pression. De l’autre côté, les plaisirs administratifs à remplir au ministère public à 50 minutes de bateau de notre village.

Nous avons eu affaire avec le proprio à la plus grande victime des voyous du Guatemala. A la plus grande victime de la pauvreté du Guatemala. Cet homme, proprio d’un hôtel, dont la réputation de vols était établie par les habitants du village ; cet homme proprio d’une moto, de « tabletas manzana » (sic) était la grande victime de ce vol.

Un garde posté à 5 mètres de notre chambre ? Il n’a rien vu.

Un vol produit dans les 45 minutes de notre absence ? Non, ça n’est pas si étonnant.

Un vol dans une chambre, au 1er étage d’un hôtel, auquel on accède par une cour intérieure surveillée par ce même garde ?   Oh non, rien d’anormal.

J’ai une fois de plus pratiqué mes cordes vocales, et largement contribué à l’amélioration de mon impératif espagnol.

Nous avons traversé 4 fois le lac pour aller au Ministère public, toujours à l’arrache, toujours aux frais d’un bateau privé puisque semaine sainte passée, les bateaux publics étaient rares par San Juan.

Avec Eve, on a joué l’un à faire le flic méchant, l’autre le flic gentil. On s’est donné dans une langue qui n’est pas la nôtre, face à des administrations qui ont leurs règles, et face à des gens qui voyaient en notre vol une justice cosmique face à cet Occident blindé de fric.

Et puis, nous avons été aidés par Helena, Juan et Ingrid, nos amis guatémaltèques. Ils se sont sentis comme investis, et franchement pour Bruce, Eve et moi, ca faisait chaud au coeur. Il n’est pas si facile d’être autre chose que touriste blanc ailleurs dans le monde. Et pourtant, là, ces personnes ont vu en nous, autre choses que des touristes. Même si pourtant notre problème matériel n’était que celui de riches… Helena nous a accompagnés à Santiago, Juan est revenu avec nous à la police, Ingrid est allé voir la mère du propriétaire de l’hôtel. Voilà encore des belles personnes qui à l’autre bout du monde, ont été des amis. Voilà encore des personnes avec qui nous allons garder contact, dans tout l’intérêt de nos vies, de nos cultures et de nos personnalités différentes.

On a donc bien géré ensemble, et on a eu les papiers.

Des papiers qui jusque-là n’avaient pas vraiment de valeur. Mais des papiers qu’il nous fallait pour l’assurance.

Oh, clairement je l’avoue, je n’espérais rien. Pour moi, payer une assurance c’est s’assurer d’en connaître un peu plus sur les clauses de non remboursement. Payer une assurance, c’était se rassurer, pas s’assurer.

Jolie fin

Et bien, il y a 3 semaines. Nous avons reçu une lettre pour nous annoncer que nous serions remboursés. Un peu plus de la moitié. Nous avons été vraiment contents.

J’aime pas faire de la pub, mais autant si j’avais été insatisfait, j’aurais fait mauvaise presse. Alors, là, je dois dire que Chapka a assuré.

Bon, comme une galère en appelle une autre… et bien, on a eu deux autres galères, dont une qui mérite son histoire à elle seule.

Vu que cet article est déjà un roman, je vous raconterai la suite dans le prochain…  🙂

Matt

Evetmatt Jaiuneouverture

Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

33 commentaires :

  1. Eh ben dis donc … Au final contente de voir que vous allez bien et que vous avez réussi à vous faire indemniser une partie. Même si pour moi le truc le plus degueu est bien de vous avoir volé vos bien mais votre disque dur …
    On vous embrasse. Take care 😉 ( mais vous être rodés 🙂

    • On avait donné une copie juste avant à ma mère, donc c’est bon ! 🙂 Oui, on commence à se roder. Faire attention à soi, en voyage, c’est une seconde nature, je crois. En tout cas, on sort d’une petite semaine avec Daniela et Oscar et c’était bon ! 🙂

  2. Génial ! Et le récit de votre mésaventure est si bien écrit. Bisous les aventuriers 😉

  3. Heureuse de vous lire à nouveau 🙂 plaisir de vous retrouver, bref bonne continuation!

  4. Cria cuervos y te sacaran los ojos !!! contente de te re lire ..

  5. Hola la jeunesse! Ravies de vous lire à nouveau , de constater que vous avez retrouvé votre jolie plume et de voir à votre ton que le moral à l’air assez bon 😉 On attend la suite avec impatience !

  6. Content de vous retrouver ! Bravo pour n’avoir rien lâché !

    • Nous aussi. Et en deux mots, tu dis tout, car c’est vrai que dur de se remotiver pour le blog. Mais bon c’est bien de finir ce qu’on a commencé. Et puis, comme on continue à écrire, il suffit simplement de partager. Et ca fait plaisir de partager quand voit les bonnes réactions des gens qui nous suivent ! Et toi, ça va toujours à NY ?

  7. Contente de vous retrouver ! Et en forme on dirait 😉

  8. Au boulot et qu’est ce que je vois?!!!
    Pas le temps d’en profiter en direct donc je laisse un com et me délecterai de votre article ce soir tranquillement, les pieds dans une bassine d’eau fraîche:-)
    En attendant c’est trop COOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL de vous revoir sur la toile 😀
    YEEHAW!
    Sur ce, énormes bisous à tous les deux 😉

  9. Ca fait plaisir de vous avoir de retour 😀

  10. Tiens tiens.
    Des nouvelles.
    ça fait plaisir de vous lire avec toujours autant de verve.
    Et un recul de bon aloi, ça évite le mélo ça dédramatise, ça favorise la dérision.
    Ouais, Chapka elle assure. Vous aussi.
    Comment vous faites pour les phstos?
    Biz

  11. coucou je suis la  » Lara Croft du Pauvre  » de Facebook.
    J’ai beaucoup aimé la manière dont tu as raconté cette triste histoire, sans dramatiser. Parce qu’effectivement il n’y a que ça à faire, parce que dans tous les cas le voyage continue 🙂
    La réaction des policiers ne m’étonne meme pas, on a eu pareil, tu as du le voir dans la video.
    Pour l’assurance, c’est génial que vous ayez pu récupérer un peu, mais ça ne vaudra jamais les souvenir perdus dans le disque dur entre autre et surtout les souvenirs que vous n’avez pas pu capter faute de matériel…
    On va dire qu’ils resterons heureusement gravés dans votre mémoire…. mais bon.
    En plus en tant que blogueuse, je vous comprends encore plus!
    Nous on avait prévu d’écrire un article par jour + une video Youtube que les abonnés suivent le voyage au jour le jour… et du coup ça a foiré.
    Mais en tout honnêteté, le voyage a été carrément plus rigolo de notre coté avec le vol du sac parce qu’on avait plus un franc, qu’on a du faire du stop, dormir dans des endroits improbables, et tout faire en système D, et ça a rendu le truc plus intéressant…
    Finalement le matériel… ben c’est juste du matériel… 🙂
    Je vous fais pleins de bisous! et je vais m’abonner à votre blog, et le suivi avec grand plaisir!

    • Salut Laetitia,

      Oueh on a essayé de le vivre du mieux qu’on a pu. En fait, on était tellement dans les administrations qu’on était dans l’action. Pour les photos, non, ca va, juste avant, ma mère était venue au El Salvador, et donc nous lui avions donné une copie du disque dur… Donc ouf !!! Bon, le gars qui nous a volés, va pouvoir regarder nos photos en travers et au ralenti s’il le veut, mais qu’importe. En tout cas, nous avons eu de la chance, on a toutes nos photos.
      Ca n’est que du matériel, ca gave sur le moment, mais ca fait partie du truc. Alors on continue ! Gros bisous à toi aussi, je vais regarder ton blog moi aussi ! 🙂

  12. Coucou
    Tout d’abord, je compatis.
    Et d’autant plus que cela vient de nous arriver nous aussi… Dans un bus équatorien.
    Je tente d’être très pragmatique (je suis en fait abasourdie mais devant les enfants, je tente de faire bonne figure)
    Donc j’ai une question très pratique… Nous aussi on a chapka mais quand je relis mes clauses je vois qu’il faut qu’il y ait preuve d’effraction ou agression ….
    Ça ne semble pas être le cas pour vous, non? Vous avez fait comment?
    Nous on nous a volé 500 dollars, notre ordi, la tablette… Un peu de notre vie quoi!
    Merci pour l’aide
    Alice

    • Bonjour Alice…

      Si pour notre part, il y a eu effraction, et nous l’avons déclarée à la police. C’était dans un hôtel, et il y avait des marques et des signes d’effraction sur la fenêtre de la porte.

      Je compatis pour vous aussi…Ca fait quand même assez bizarre de se faire voler sa maison !

      Mais après, c’est vrai que sans technologie, on voyage aussi plus léger. Nous, ca nous a apporté quelque chose…
      C’est ma petite note positive. 😉

  13. Sacré aventure au Guatemala! Bon remettez vous bien de ces émotions et on the road again. Que les aspects positifs du voyage prennent le dessus sur les côtés disons moins plaisant. Bon courage.

  14. Ping : Et si on se pointait au siège de Canon Mexique ?

  15. Ping : Éviter le vol en voyage - A ticket to ride

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