Bogota, la mauvaise réputation

Nous sommes arrivés à Bogota avec les clichés qu’elle draine. Et résonnent inévitablement à son évocation, la drogue, les cartels, les FARCS… Pourtant c’est autre chose.  C’est bien autre chose.

Couv Bogota

Paris Charles de Gaulle ?

Un aéroport moderne, plutôt croquignolet. Des boutiques où le moindre stylo Colombia coûte un bras. C’est ça, nous sommes bien dans un aéroport moderne.

Des lignes de bus neuves, qui s’arrêtent à des stations aux portes automatiques. Et une d’entre elles, destinée au transit de l’aéroport, est gratuite. Des passerelles au-dessus des routes, modèle futuriste. Et des agents présents pour conseiller les utilisateurs du réseau.

Bref, on arrive à Paris, là ?

Le bus roule, et déjà se profilent d’immenses et nombreuses peintures bariolées. Cette ville, réputée pour son street art, pose des couleurs sur son béton gris. Et se dévoilent aussi les premières pentes, les premières collines, qui dessinent les contours montagneux que nous n’imaginions pas de Bogota.

Si l’aéroport et ses infrastructures de transport étaient modernes, elles n’ont pas donné le ton de la ville. Nous arrivons dans le quartier de la Candelaria, son quartier historique, un poil touristique. Un beau quartier mais délabré au pied d’une montagne verte perdue dans les nuages. On dirait qu’on fait face à un mur naturel immense.

Et c’est vrai qu’à bien y sentir, on  s’essouffle un peu avec nos sacs sur le dos. On est à 2600 mètres d’altitude, et quand je monte deux marches, je fais le bruit d’un ventilateur.

Nous cherchons l’hôtel, et nous naviguons tranquillement entre les maisons coloniales. Les fresques de street art, les couleurs des murs sont bien agréables, et en plus, il y a une petite boulangerie bien locale. Les pâtisseries ont l’air de déboîter.

On voit un peu en contrebas une des grandes rues du centre de Bogota, et clairement, il n’y a plus d’aéroport qui tienne. La ville est délabrée. Des travaux, des bâtiments en béton noircis par la pollution, des fontaines qui ne sont plus que des bacs d’eau usée remplis de déchets. Des indigènes vendent à même le sol de superbes colliers de perles.

Un hôtel tip top

Faut dire que notre hôtel à Bogota y a été pour beaucoup dans les très bons moments que nous avons passés à Bogota. Non pas le lieu, ni mêmes ses propriétaires…

On sonne à cette porte de bois ancienne et mastoc. Et derrière une grille s’ouvre une petite lucarne à travers laquelle se posent deux yeux qui nous regardent. Bruit de cadenas, de clés, de ferraille. On ne plaisante pas avec la sécurité ici.

Carlos, ce volontaire français, parti depuis 13 ans de France, et qui aujourd’hui a 31 ans, aura été notre rencontre en Colombie. Dès le départ, il nous tchatche sur la ville, nous donne des conseils. On parle, le soir on se retrouve, on boit des bières, on se marre.
Deux jours plus tard, nous étions dans une famille colombienne, que Carlos connaît bien. La famille de Jose qui de la grand-mère au cousin, en passant par les enfants, vit modestement dans une belle maison coloniale ancienne à quelques encablures de là.

Jeu du sapo (un jeu d’adresse dont le but consiste à envoyer des anneaux dans la gueule d’un crapaud), l’Aguardiente (l’alcool anisé de Colombie), tout ça dans le hall d’une maison aux tapisseries antiques et au décor poussiéreux superbe.

On y sera revenu chez Jose quatre ou cinq fois, et notamment pour y fêter mon anniversaire. Eve, Carlos, Nicolas, Abel et Françoise  – des français rencontrés à l’hôtel-, Jose et Vivix – nos hôtes – . J’ai même eu droit à la guirlande !

Je l’ai déjà dit dans plusieurs articles, mais ces moments sont les plus attachants du voyage. Deux semaines avant, nous ne connaissions pas ces gens, et nous nous retrouvons chez eux pour partager de bons moments. Jose a enlevé une ou deux vitres posées sur le toit. Le barbecue fume. La viande est excellente, et on l’accompagne avec des petites patates qu’on plonge franchement dans un grand saladier de guacamole. L’Aguardiente est de partie, et dans cette ambiance enfumée et tranquille, sur un autre continent, loin de chez nous, ces gens sont adorables. Ils font tout ça pour nous faire plaisir.

Nous avons droit à un mini concert de Vivix. Elle joue du piano, elle chante, et c’est dingue. Nous sommes tous bouche bée face à cette fille simple, qui nous sort là, un truc digne d’Agnès Obel. Nous sommes assis sur des beaux fauteuils usés, dans cette pièce au plafond très haut, aux murs recouverts de tapisseries anciennes et de tableaux craquelés. Cette ambiance est envoûtante, symphonique.

Bogota dans le texte

Alors oui, à la nuit tombée, on voit bien certains gars défoncés par-ci par-là, et d’ailleurs assez souvent des petits blondinets venus se payer la coke à pas cher. Certaines rues un peu sombres ne semblent plus être les meilleurs endroits pour flâner. Mais de là à crier au loup. Non, Bogota a bien le droit que sa réputation soit un peu réactualisée.

C’est une ville, une capitale latine qui s’est développée au carrefour du béton et de ses commerçants ambulants. On se retrouve au milieu de quartiers qui grouillent, d’autres rues sombrement vides, des nids de poules sur la route, des travaux un peu partout, des batîments gris et d’autres assez jolis, et de cette montagne qui dans toute la ville s’impose. S’y vendent des valises à quelques euros, des chaussures volées, des chaussures contrefaites. S’y juxtaposent des grandes enseignes et des petits marchands. On y a même vue une course de cochons d’Inde, et des lamas pour promener les enfants.

Nous avons visité le musée de Botero, celui qui voyait tout en gros.

Nous avons retrouvé la famille de Daniela, vous savez cette amie colombienne que nous avons rencontrée au Vietnam, que nous avons revue au Mexique chez Oscar son petit ami, et chez qui nous sommes en ce moment à Montréal. Nous avons donc passé l’après midi avec sa maman, son frère. On a dégusté une bonne patisserie…

Le marché aux puces est sympa, les fresques ne manquent pas, et oui, il ne faut pas passer la 10ème, parce que derrière, ca craint un peu le boudin. Nous, nous y sommes allés, nous avons pris le bus, pour pousser jusqu’au fond des banlieues. On n’a pas touché à Ciudad Bolivar qui est le refuge – nous a-t-on dit- de la pauvreté et de son amie fidèle la délinquance. Mais nous avons vu ce qui fait souvent l’Amérique Latine, des quartiers où se vit un fabuleux bazar, et d’autres où chacun fait tranquillement sa vie.

Les réputations s’allument plus vite qu’elles ne s’éteignent. Et Bogota mérite qu’on s’y attarde deux ou trois jours. Nous nous y avons passé quinze jours.

Matt

Evetmatt Jaiuneouverture

Bienvenue sur ce site pétri de nos mains avec un peu de levain, de connexion cyclothymique, et d'amour. Enfants du pays du canard, mariés et Parisiens pendant 7 ans, nous avons quitté femmes et enfants il y a un an pour faire tel Spoutnik le tour de la terre. On n'est pas encore sur orbite, mais on est contents quand même. Et on vous le partage ici ! Eve et Matthieu

3 commentaires :

  1. bonjour Eve et Matthieu
    après un long silence de part et d’autre je prend la plume pour vous dire que ce reportage photo et écrit est pour moi un des plus beau ! un grand bravo
    je vous embrasse
    Bruce

  2. Oui Botero ç’est beau mais votre vécu à Bogota nous donne envie d’explorer cette Colombie.

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